Selon les statistiques publiées par le Centre Technique du Textile de Tunisie (Cettex), les exportations tunisiennes de textile-habillement, exprimées en dinars, ont reculé de 19 % en novembre 2009 par rapport à novembre 2008. Compte tenu de la dépréciation du dinar tunisien par rapport à la monnaie européenne, la chute des exportations exprimées en euros est même de 25 % !
Au total, sur les onze premiers mois de l'année, les exportations reculent de 11 % (en dinars) et de 14 % en euros.
Le Cettex attribue ces médiocres performances à la baisse de la consommation vestimentaire européenne, notamment sur le marché français et à la faiblesse du marché des produits sportswear.
Qu'en est-il en réalité ?
Certes, la crise économique affecte la consommation textile-habillement européenne, mais son impact est relativement limité: - 3 % en Europe en moyenne dont - 2,5 % en France selon les statistiques de l'Insee (voir article publié le 1er décembre sur ce blog), comparé à la baisse de 14 % en euro des exportations tunisiennes vers l'U.E.
Selon Eurostat, les importations européennes d'habillement de 2009 sont stables par rapport à 2008; on ne peut donc pas parler de comportement malthusien de la part des distributeurs européens puisque, globalement, ils maintiennent leurs approvisionnements de 2009 à leur niveau de 2008; ni, a fortiori, d'effondrement de leurs achats et du marché.
Dopés par des pratiques anti-concurrentielles notoires (dumping économique et social, contrefaçon, piratage de marques, sous-évaluation monnétaire, etc.), certains pays asiatiques restent en croissance et gagnent des parts de marché en 2009. C'est notamment le cas de la Chine qui fournit maintenant 44 % des importations européennes en valeur et 49 % en volume, ainsi que de fournisseurs comme le Bangfladesh, le Vietnam, le Sri Lanka ou l'Inde.
Tous les fournisseurs méditerranéens sont, à des degrés divers, victimes de cette concurrence déloyale: la Tunisie mais aussi la Turquie, le Maroc, la Jordanie et même l'Egypte malgré d'incomparables atouts compétitifs. Leur part du marché européen fond comme neige au soleil, avec les conséquences dramatiques que l'on imagine sur l'activité industrielle et l'emploi.
A ce rythme, on parlera bientôt au passé de l'industrie textile-habillement méditerranéenne. Aussi, pour stopper une telle évolution catastrophique, il convient:
- d'enrayer enfin les insupportables pratiques anticoncurrentielles de certains pays asiatiques
- de stopper l'érosion des préférences commerciales dont jouissent les pays méditerranéens en Europe
- de redynamiser concrètement et effectivement (et pas simplement dans les conférences) le partenariat euroméditerranéen textile-habillement
- de favoriser le transfert de l'Europe vers la Méditerranée d'activités à forte valeur ajouté
- de développer les synergies compétitives entre les quatre pays de l'accord d'Agadir (Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie)
- de multiplier, en Méditerranée, les efforts de compétitivité et de promotion de l'offre méditerranéenne textile-habillement.
Tel est le sens de l'appel lancé en novembre dernier par le Cercle Euro-Méditerranéen des Dirigeants Textile-habillement (CEDITH) pour la réunion urgente d'une conférence intergouvernementale Euromed destinée à évaluer la situation du textile-habillement médfiterranéen et à prendre les mesures de politique industrielle et commerciale qu'impose la dégration inquiétante de ce secteur-clé.
Cet appel restera-t-il "vox clamentis in deserto" ? Ce serait absolument dramatique !
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