vendredi 4 février 2011

Impact des prix du coton sur le marché vestimentaire en France


Le 2 février 2011, le prix du coton à la Bourse de New York a atteint un nouveau sommet historique avec 1,76 dollar la livre, soit plus du double que son cours le plus bas au 12 juillet 2010 (0,77 $). Tous les facteurs jouent actuellement en faveur d'une poursuite de cette hausse: de mauvaises récoltes dues à des conditions météorologiques défavorables, des stocks mondiaux au plus bas, d'énormes importations chinoises de fibres, des politiques de limitation des exportations de coton par certains des principaux fournisseurs dont l'Inde et l’Ouzbékistan, une très forte spéculation internationale et, ces derniers jours, les problèmes intérieurs de l'Egypte. 

 
Mécaniquement, ces hausses se répercutent tout au long de la filière textile, des filateurs aux confectionneurs. Ainsi, théoriquement, les prix des vêtements cotonniers mis sur le marché final devraient augmenter de 15 % à 20 %. Gageons cependant que ce ne sera pas le cas pour le simple motif que le marché final d'habillement n'est pas porteur et ne pourra pas le supporter. Tout au plus, les prix effectifs augmenteront de 2 à 3 %.

A cet égard, le comportement passé des consommateurs français est très éclairant.
Au cours de ces dix dernières années, le budget consacré par les ménages français aux achats de vêtements a considérablement baissé. Entre 1999 et 2009, la part du budget vestimentaire est tombée en France de 3,8 % à 2,9 %. Elle était de 8,6 % en 1963 ! En réalité, au cours de cette période, le budget vestimentaire des français a progressé 6 fois moins vite que les dépenses totales des ménages alors que les prix des vêtements demeuraient extrêmement sages, sous le double effet d'une consommation atone et d'une concurrence internationale de plus en plus vive, notamment chinoise.



Dans ces conditions, il est donc plus que douteux que les prix des vêtements cotonniers  augmentent de plus de 1 % à 2 % en 2011, d'autant que, facteur aggravant, les consommateurs vont devoir supporter une forte augmentation des prix des produits alimentaires de base (riz, pâtes, sucre,etc.) et des prix de l'essence à la pompe avec un baril de pétrole qui vient de dépasser les 100 dollars ! Sans parler d'une pression fiscale qui va s'accroître, selon toutes hypothèses.

Que vont faire les distributeurs ? majorer les prix d'entrée de saison ? mais ça sera à coup sûr prendre le risque de lourds invendus avec, pour conséquence directe, un nouveau bond des achats en solde ? (35 % des achats en 2010 contre 23 % en 2000 !); ou imposer à leurs fournisseurs de nouveaux sacrifices sur leurs marges déjà réduites à la plus simple expression ? On le voit, l'équation est particulièrement difficile ! Pour tout le monde !
Une chose est sûre: l'année 2011 va être particulièrement difficile pour tous les acteurs de la filière textile-habillement !
   

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