Les industriels marocains du textile et de l'habillement ont deux motifs d'inquiètude: la dégradation de la conjoncture internationale et leur compétitivité globale; ce qui amène leur organisation professionnelle, l'AMITH (Association Marocaine des Industries du textile et de l'Habillement) à interpeller le gouvernement pour mettre en oeuvre des mesures correctrices.
Déjà, alors que l'on n'a pas encore touché le fond de la crise économique, le secteur subit l'impact du ralentissement de la consommation vestimentaire dans les marchés européens. Ainsi, selon les statistiques d'Eurostat, les exportations du secteur vers l'Europe étaient en baisse de 3,8 % à fin octobre 2008 par rapport aux dix premiers mois de 2007. Exprimées en dirhams, elles sont même en baisse de 7,5 % et l'on s'attend même à - 10 % pour l'ensemble de l'année 2008.
Les perspectives pour l'année 2009 sont encore plus préoccupantes pour les exportations textile-habillement marocaines car on sera alors au creux de la vague en Europe; et surtout parce que deux des trois principaux marchés d'exportation du secteur,-l'Espagne et la Grande-Bretagne-, pourraient, selon de nombreux économistes, connaitre une situation économique cataclysmique. Facteur aggravant pour les exportations vers le marché britannique, la Livre est tombée à niveau historiquement bas.
Pour relever le défi de l'ouverture totale des frontières européennes aux concurrents asiatiques, Chine en tête, les industriels textiles marocains se sont résolument engagés dans une politique de circuit court et de créativité. Mais cette politique est handicapée par des coûts excessifs et par une grande rigidité de la législation sociale. Ainsi par exemple, le salaire minimum au Maroc est actuellement de 9,90 dhs (0,88 euro) contre 1,211 dinars (0,67 euro) chez le concurrent tunisien, soit un écart de 31 % !
En quelque sorte, les confectionneurs marocains doivent monter sur le ring de la compétition internationale avec une main liée derrière le dos alors que le jeu de la fast fashion exige flexibilité et réactivité, une solide maîtrise des coûts, une logistique performante de transport et une administration efficace.
D'où la grogne des professionnels qui, par le truchement de l'AMITH, demandent au gouvernement des mesures rapides, adaptées à la gravité de la situation.
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