vendredi 11 juin 2010

Le miracle économique tunisien !

Dans une chronique intitulée "Le miracle économique tunisien", publiée dans la revue "L'Économiste" (n° 524 - 26 mai au 9 juin 2010), Jean-François Limantour, le président du Cercle Euro-méditerranéen des Dirigeants Textile-Habillement, met en exergue les prodigieux progrès socio-économiques accomplis par la Tunisie au cours de ces dernières décennies. Qualifiant la Tunisie de "formidable terre d'accueil des investissements étrangers", il considère que le niveau d'excellence socio-économique atteint par ce pays résulte de son ouverture résolue sur le monde, de l'émancipation de sa société et de ses liens partenariaux très étroits avec l'Union européenne. 


Chronique: 
Bon anniversaire et longue vie à l’Economiste maghrébin qui, sous la direction de notre ami Hédi Mechri, fournit depuis vingt ans, aux décideurs et au monde euro-méditerranéen des affaires, de si pertinentes analyses et de si précieuses informations économiques !

Pour ma part, je fêterai en juillet prochain le quarantième anniversaire de ma première venue en Tunisie. Et oui, 40 ans !  Ce fut alors un véritable « coup de foudre » pour ce pays, ses lumières, les camaïeux de bleu et de blanc, ses senteurs de jasmin et, par-dessus tout, l’incroyable gentillesse des Tunisiens.
Venant de France, là où la contestation, le pessimisme et la critique systématique ont été érigés en mode de pensée, je suis plus que jamais charmé par la Tunisie, pays où il fait bon vivre  et dont les habitants, même ceux aux conditions de vie les plus modestes, semblent toujours heureux et ravis de vous accueillir.
Rien de ceci n’a changé au fil des ans.

Pourtant, les changements sont considérables, très apparents dans les paysages urbains.
Souvenons-nous ;  par exemple, au delà de Tunis en allant vers La Marsa, là où il n’y a pas si longtemps cheminaient quelques maigres troupeaux de moutons, s’étend désormais
une véritable ville commerçante et industrieuse, formée d’immeubles de verre et d’acier des Berges du Lac et agrémentée de villas cossues; les banlieues de la capitale sont maintenant marquées d’entrelacs de voies rapides et de ponts. Le village de Nabeul des années 70, à l’unique grand’ route frangée de poteries, est devenue une importante métropole régionale et Hammamet un des principaux centres méditerranéens du tourisme…..

Tout cela témoigne, en réalité, des profonds changements socio-économiques de la Tunisie, décidés et orchestrés par le Président Ben Ali et fruits d’une action gouvernementale constante et résolue, tournée vers l’avenir. Ne parle-t-on pas, d’ailleurs, de « miracle économique », pour qualifier les étonnants progrès accomplis par la Tunisie au cours de ces dernières décennies ?
Mes commentaires sont sans doute subjectifs. Mais les réalités sont incontournables ; en voici quelques illustrations :

*      Entre 1980 et 2009, le commerce extérieur de la Tunisie a été multiplié par 20, pour atteindre plus de 20 milliards d’euros !
*      selon le World Economic Forum de Davos (rapport 2009-2010), la Tunisie est :



- la première économie du continent africain devant l’Afrique du Sud
- classée 40ème au niveau mondial pour son taux de compétitivité globale, devant des pays comme le Portugal, l’Afrique du Sud, l’Italie, le Brésil, la Turquie, l’Egypte ou le Maroc.

- en 2008, son PIB par habitant était de 3.907 dollars contre 2.748 au Maroc et 1.016 en Inde. 
- classée 29ème pour la qualité des relations employeurs-employés, bien avant la Belgique, le Portugal, la Turquie ou la France. 

- 19ème pour la qualité de son système éducatif devant des pays comme …les Etats-Unis, la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne ! 


L’’éducation est sans doute un des domaines dont la Tunisie peut légitimement être la plus fière. Ainsi, le pays compte maintenant 400.000 étudiants contre 20.000 en 1980 et plus de 10.000 titulaires d’un doctorat !
Je pourrais multiplier à l’envi les exemples remarquables, comme la place et le rôle dans la société de la femme  tunisienne dont le niveau d’émancipation est incomparable dans le monde arabe.
Et que dire des structures médicales tunisiennes qui jouissent d’une forte réputation internationale à telle enseigne que les étrangers sont de plus en plus nombreux à venir en Tunisie pour se soigner !

La prospérité économique tunisienne est largement fondée sur un développement industriel accéléré, né d’une politique d’ouverture du pays sur le monde et tout particulièrement d’un partenariat puissant, très structuré et solidaire avec l’Union européenne ainsi qu’avec ses Etats-membres, tout particulièrement la France.
Un des résultats les plus tangibles de cette politique est illustré par l’implantation en Tunisie de plus de 2.000 entreprises européennes qui trouvent dans le pays des conditions optimales de production et de commercialisation. D’ailleurs, leur nombre augmente chaque année !
En réalité, la Tunisie est une formidable terre d’accueil des investissements étrangers, certainement la plus attractive de toute la Méditerranée méridionale ! 
Pour autant, tout va-t-il pour le mieux dans le meilleur des mondes, avec un horizon dégagé de tout nuage ?

Sans doute pas car, du fait de la mondialisation des marchés, des menaces planent sur l’industrie tunisienne, une industrie encore très largement axée sur des activités de sous-traitance, de montage et d’assemblage ; et donc de plus en plus exposée à la concurrence de compétiteurs à bas prix, notamment asiatiques, qui entrent maintenant librement sur les grands marchés occidentaux.

En la matière, les idées ne manquent pas pour une adaptation encore meilleure aux enjeux de la mondialisation. En voici deux qui me sont chères, susceptibles a fortiori de contribuer au problème lancinant de l’emploi des jeunes diplômés.
1.    Accélérer la valorisation de la production industrielle et le développement des services. Comment ? Entre autres, au moyen d’un dispositif à géométrie variable d’accueil des IDE, établissant une corrélation directe entre le taux des incitations accordées et la valeur ajoutée potentielle portée par les projets d’investissements. Ainsi, les investisseurs étrangers seraient encouragés, plus qu’aujourd’hui, à délocaliser vers la Tunisie des bureaux d’études, des laboratoires, des activités de conception, d’ingénierie,…et pas seulement des activités de sous-traitance.

2.    Développer en Tunisie un rôle d’interface entre le monde de la recherche et celui de l’économie, à l’exemple de ce que fit remarquablement le Japon à compter des années 60.  La Tunisie forme des scientifiques de talent. Certains, parmi les meilleurs d’entre eux, ne pourraient-ils pas être occupés, dans un centre public d’excellence et en étroite liaison avec l’UTICA, à analyser les brevets d’invention internationaux pour découvrir et proposer des applications industrielles et commerciales performantes et originales ?

Quoi qu’il en soit, en jouant à fond, comme elle le fait résolument, la carte du savoir, de l’intelligence et des nouvelles technologies de l’information, ceci dans un cadre partenarial renforcé avec l’Union européenne, nul doute que la Tunisie va accomplir un nouveau grand bond en avant, synonyme de progrès social et de prospérité !

Un nouveau bond en avant que saluera dans quelques années  l’Economiste Maghrébin, l’observateur vigilant des pulsions du monde de l’économie ! 
  

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