mardi 30 mars 2010

Le textile italien se tire une balle dans le pied !

C'est à l'unanimité que le Parlement italien vient de voter la loi "Reguzzoni Versace", une loi d'inspiration très protectionniste, comme l'a d'ailleurs confessé le vice-ministre chargé du Commerce extérieur, Adolfo Urso. 
Car il ne s'agit ni plus ni moins que d'interdire la mention "made in Italy" aux vêtements qui n'auront pas subi en Italie au moins deux des quatre transformations suivantes: filature, tissage, teinture-ennoblissement et confection;  et donc de contrarier le sourcing international. 

Cette démarche est pathétique et, n'ayons pas peur des mots "irresponsable", sachant que la plupart des grandes marques italiennes sont aujourd'hui fabriquées en sous-traitance dans les pays à bas prix et que l'industrie textile italienne de la filature, du tissage et de l'ennoblissement, comme du reste l'industrie textile européenne, s'est effilochée au cours de ces dernières années sous les coups de butoirs des producteurs asiatiques, délivrés de tous quotas depuis janvier 2005, et n'est pratiquement plus en mesure de jouer son rôle historique de fournisseur des confectionneurs. 

Le plus grave dans cette affaire est que les "responsables" professionnels italiens veulent étendre à toute l'Europe cette règlementation qui, n'en doutons pas une seconde, va créer en Italie de sérieuses difficultés aux multiples marques italiennes qui font produire leurs vêtements en Méditerranée méridionale ou en Asie.

Car, en clair, un chemisier ou un costume conçus par un styliste italien et fabriqués en Italie mais avec un tissu étranger, ne pourront plus  porter une étiquette "made in Italy"; de même, un pantalon conçu par un designer italien et fabriqué avec un tissu italien en Tunisie, au Maroc ou en France ne sera plus "made in Italy".
Par contre, un pantalon confectionné en Chine avec un tissu tissé en Italie à partir de fil italien pourra être considéré comme "made in Italy" ! 

On touche là, clairement, le fond de l'absurde ! Espérons que le Parlement européen saura faire preuve de jugement et que l'organisation professionnelle textile-habillement européenne sera capable de monter au créneau pour dénoncer les tentatives italiennes d'européanisation d'une telle mesure ou, pire encore, d'instaurer un marquage européen obligatoire de l'origine !

On attend avec impatience les réactions énergiques de l'OMC, des Etats membres européens et de la Commission de Bruxelles !  
Mais la compétence économique, la lucidité et le courage ne sont pas toujours des traits dominants de ceux qui nous gouvernent !   

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